Les vieux chemins de Macquenoise
Les vieux chemins de Macquenoise
Est-il opportun d'entreprendre l'étude des chemins de Macquenoise, alors que les historiens s'interrogent toujours sur ce que put être le site à travers les siècles ? En 1947, la découverte d'un ancien indicateur routier sur le territoire de cette commune a relancé le débat, et même si l'authenticité de l'objet fut vivement contestée, il a suscité d'intéressantes recherches et de nouvelles propositions. |
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I - Situation de Macquenoise II - Inventaire de quelques vieux chemins A - dans les Ardennes 1 - Chemin de Chateau-Porcien à Macquenoise par Mainbressy et le Haut-Chemin 2 - Chemin de Cendron-Macquenoise à Donchery par Neufmaison, Villaine, Estrebay 3 - Chemin de Montmeillant à Chimay et Macquenoise par Signy-le-Petit (D10) 4 - Ancienne voie Castrice-Avesnes par Macquenoise) 5 - Voies de Macquenoise à Bavai et Cambrai B - dans l'Aisne 6 - Reims à Macquenoise par Nizy-le-Comte (A.Piette) 7 - Vervins à Macquenoise (A.Piette) 8 - Autres vieux chemins III - Conclusions et rapprochement avec l'indicateur routier de Macquenoise |
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I - Situation de Macquenoise
Géographie Petite station frontalière entre France et Belgique, Macquenoise est implantée à proximité des sources de l'Oise, ce qui en fait un point stratégique remarquable : par la vallée de cette rivière, elle donne, au sud-ouest, un accès facile à la Champagne et à la région parisienne. Située en ligne de crête, entre les bassins de l'Oise et de la Sambre, elle offre au nord-est, par la Trouée de Chimay, une communication aisée vers la Meuse et le Rhin ; aussi fut-elle souvent le passage des envahisseurs. Histoire Cette situation privilégiée, entre trois bassins fluviaux, a pu valoir à Macquenoise d'être en tous temps le point de jonction de divisions administratives importantes. Elle est actuellement celui de trois départements français : Nord, Aisne, Ardennes, ainsi que de la province belge de Tournai ; sur ces quatre territoires s'étend la région appelée "Thiérache". Les départements énumérés ci-dessus correspondent aux quatre anciens diocèses de Cambrai, Laon, Reims et Liège ; ils ont eux-mêmes succédé aux civitate de la Gaule Belgique, vraisemblablement celles des Atrébates, des Viromanduens, des Rèmes et des Nerviens (voir le chapitre Pagus des Viromandui). A ce titre, Macquenoise aurait pu être aux temps gaulois, comme le propose R.Chambon, l'un de ces grands territoires-limites où se rassemblaient les peuples voisins pour le commerce, le culte, les ententes guerrières, d'où le toponyme de Macquenoise que l'on peut traduire : "marché sur l'Oise". Pour J.L.Vannerus, un temple à Isara, divinité de l'Oise, aurait pu être édifié à cet endroit, comme semble le montrer l'indicateur routier. |
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Quant à A.Piette, il y voit à la même époque un lieu fortifié dont "les retranchements occupent au nord, sur la rive gauche de l'OIse, une étendue en longueur de 1700 à 1800m". G.A.Martin estime pour sa part que ce put être "l'ouvrage des Romains à l'époque où ils firent la conquête de la Gaule Belgique", thèse déjà retenue un siècle plus tôt par Dom Lelong, originaire de l'endroit, et qu'accréditeraient les monnaies gallo-romaines trouvées sur le site. Au milieu des anciennes fortifications décrites par A.Piette, un chateau-fort dominant la vallée de l'Oise fut élevé en 1183 par Jean d'Avesnes pour la protection des propriétés de l'abbaye de St-Michel. Des ruines imposantes de tours en subsitent, non loin des murs de pierre sèche de l'époque gallo-romaine. Le massif est scindé par un étroit vallon où aboutit le "Vieux Chemin de Reims" qui sort de la forêt de St-Michel, en réunissant les autres voies qui viennent de la région sud. Au 15è siècle, lorsque la Belgique et les Pays-Bas étaient sous domination espagnole, cette frontière eut à subir des exactions guerrières qui ne prirent fin que sous Louis XIV, avec le traité des Pyrénées. C'est toujours par Macquenoise que Napoléon, quelques siècles plus tard, traçait en 1812 "la route de 1ère classe" qui devait relier Paris à Hambourg. Ressources et industries Les études récentes de F.Boyer, géologue chercheur au Centre Archéologique de Bibracte, ont prouvé une occupation du site, bien avant notre ère. En effet, dès l'antiquité, son sous-sol riche en arkose fut exploité pour la production de meules dont plusieurs exemplaires ont été identifiés dans des sites protohistoriques de la région, en particulier dans le bassin de l'Oise et la vallée de l'Aisne : à Iviers, Acy-Romance, Berry-au-Bac, Bucy-le-Long ; on peut en voir également dans les musées de Laon, Vervins, Bavay et Hirson. De même, le sous-sol a fourni en abondance, aux lignes de cassures du relief, le minerai de fer et la silice qui ont donné naissance à de nombreuses fonderies et verreries dès l'époque romaine. Au 19e siècle, la fonderie de St-Michel Sougland fournissait encore abondamment les places de Paris et de Bruxelles. Commerce Cette activité industrielle explique la fréquentation des chemins de Macquenoise dès l'antiquité, ainsi que l'attestent les témoins archéologiques trouvés sur leur parcours. Ils étaient toujours utilisés au Moyen-Âge et durant les siècles suivants, comme le montre l’article de M. Desfossés (voir bibliographie) et comme le suggère l’indicateur routier des verriers de Macquenoise. |