Nouvelle proposition d'une voie romaine Reims-Cologne

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Axe Givet-Orléans
croisant le Grand-Chemin
à Nizy-le-Comte

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Monnaie d'or des Rèmes

 

Nouvelle proposition d'une voie romaine Reims-Cologne

Peu d’études ont été menées jusqu'alors dans le département des Ardennes pour la recherche de voies romaines. Deux cependant sont bien identifiées :
- la route Reims-Castrice, avec de nombreux tronçons toujours visibles sur le terrain, et que l'on donne habituellement comme route Reims-Cologne bienque son parcours à travers le massif ardennais ne soit pas encore totalement identifié,
- la route Reims-Trèves, qui traverse l’Aisne à Voncq et passe par le relais de Chameleux.
Sans doute furent elles nombreuses à parcourir cette région située au nord de Reims, capitale gallo-romaine, et qui la reliait à la Mer du Nord et au Rhin.

La Thiérache ardennaise dut faire l'objet d'aménagements tout particuliers et la voie que nous proposons ci-dessous aurait été la plus directe et la plus facile de Reims à Tongres et Cologne. Les étapes relevées sur son parcours s'accordent non seulement à celles de la table de Peutinger mais aussi à celles du milliaire de Tongres.

       

Voies romaines dans le département des ardennes

 

Cadastration sur laquelle se fonde l’étude

Dans une précédente étude (Cadastration romaine en Thiérache ardennaise) nous avons pu identifier, jouxtant les bassins de la Serre et de la Malacquise, la présence d’une cadastration romaine sur une superficie avoisinant mille hectares. (voir cartes annexes)
Cette cadastration à la frontière des départements de l’Aisne et des Ardennes, laisse apparaître, en sa limite nord, sur la commune de Bay, deux voies parallèles exactement distantes d’une centurie, soit 710 m, ce qui semble bien confirmer leur caractère de voies romaines.
L’une d’elles, comportant deux bandes de roulement, partage en son milieu la forêt d’Estremont, en direction SO-NE et ordonne, à partir du carrefour des Six-Routes, la distribution des autres voies du massif : elle le traverse depuis le gué de la Planche-à-Serre jusque la sortie de la forêt au lieu-dit la Haute-Borne, empruntant ensuite un vieux chemin qui pointe droit vers le carrefour romain d’Aouste (carte IGN 1/25000; 2809 est)
Aussi pour situer cette voie, nous a-t-il paru opportun de la relier aux deux sites romains les plus proches :
- au SO, Nizy-le-Comte, le Ninitacci de la table de Peutinger, à 20 km environ, villa gallo-romaine sur la route Reims-Bavai ;
- au NE, Aouste, à une dizaine de km, dont le carrefour fut dédié à l’empereur Auguste.

Tracé joignant divers points remarquables

Si nous relions ces points par un tracé rectiligne, comme nous y invite la structure habituelle des réseaux romains, et si nous le prolongeons de part et d’autre en respectant son axe SO-NE, nous constatons qu’il dessert les points suivants (à suivre sur la carte de A. Piette jointe “Voies romaines dans le département de l’Aisne”) :

au N.E. de la forêt d’Estremont :
(sortie à la Haute-Borne)

- carrefour d’Aouste,
- Estrebay, dont le toponyme annonce le nœud routier de Bay,
- Maubert-Fontaine (passage de la Sormonne),
- Gué d’Hossus (frontière et passage du Viroin, affluent de la Meuse),
- Oignies (carrefour sur le plateau belge),
- Vireux-Molhain (gué sur le Viroin protégé par un camp romain fortifié),
- Givet (pont sur la Meuse).

au S.O. de la forêt d’Estremont :
(sortie au gué de la Planche-à-Serre)

- Nizy-le-Comte (carrefour Reims-Bavay et Chateau-Porcien - Soissons),
- Berry-au-Bac camp de César sur l’Aisne),
- Fismes,
- Château-Thierry --> Melun, Orléans,
- Orléans

 

La frontière départementale épouse la limite de la forêt d'Estremont

 

Identification d’une voie romaine

Ce tracé rectiligne, joignant divers points dont on connaît l’importance stratégique sous la domination romaine, semble bien être celui d’une voie de l'époque et divers caractères peuvent nous le confirmer :

• plusieurs tronçons rectilignes en sont encore visibles sur le terrain :
- allée centrale de la forêt d’Estremont,
- départ du vieux chemin à la Haute-Borne,
- chemin d’Aouste à Estrebay (carrefour sur la D36),
- chemin de la Fontaine Rouge à Aouste,
- chemin encavé de Vaux à Mainbresson, etc.,

• ce tracé suit la limite Aisne-Ardennes, depuis la forêt d'Estremont jusqu’à Nizy-le-Comte, comme la route Reims-Bavay le fait de Nizy-le-Comte à Pontgivart : le découpage des territoires à l’époque romaine aurait pu être conditionné par ces routes,

• dans chacun des carrefours de Nizy-le-Comte et de Chateau-Thierry, il complète des étoiles à 6 branches aux angles proches de 60 degrés : ainsi le voulait l’ordonnancement de voies romaines, comme l’ont fait ressortir la méthode de triangulation établie par Fl. Ulrix, et les cadastres gallo-romains d’Orange,

• cette voie Givet-Orléans (il existe toujours dans le réseau routier ardennais une “voie royale” Givet-Orléans) aurait été ainsi reliée à Reims puisqu’elle coupe, à Nizy-le-Comte, la route Reims-Bavay ; à moins qu’une voie directe n’ait existé par Renneville, Sévigny et le Thour : l’ancien “Chemin de Reims” venant de Forest et de l’oppidum du Mont de Chatillon passait par ce village, mais sa trace en a disparu au-delà,

• des toponymes marquent encore cette route : on trouve à Vireux-Molhain : la rue de la Strée et la route d’Oignies, et nous avons évoqué dans l’étude de la cadastration ceux d’Estremont, d’Estrebay et d’Aouste ; on peut citer également dans les environs : La Férée, La Viotte, Bay, La Croix d’Aouste, etc.,

• de même est-il permis de se demander si les deux bornes milliaires de Maubert-Fontaine ne la jalonnaient pas,

• des vestiges attestent une occupation romaine :
- tuiles romaines dans le bois du Verdron sur les rives de la Serre (commune de Bay-Blanchefosse)
- pierre sculptée d’époque gallo-romaine non loin de là, prés de la voie ferrée
- trésor de monnaies romaines trouvé en 1825 à la Hérissonnerie (commune d’Aouste) et dont les pièces peuvent être datées de la seconde moitié du 3ème siècle, ce qui correspondrait à l’usage de la voie proposée,

• des fouilles seraient évidemment nécessaires pour authentifier cette voie, mais nous pouvons d’ores et déjà constater, sur la carte archéologique des Ardennes, qu’elle traverse sur tout son parcours une zone riche en témoins d’époque gallo-romaine, comme il en est d’ailleurs pour les voies Reims-Castrice et Reims-Trèves par Mouzon. (carte jointe)
   
   
   
   
   
   
   
   
   
 

La voie Givet-Orléans

   
 

Le camp romain de Vireux-Molhain
protège sur le Viroin le gué
de la route Reims-Cologne

   
   

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