Les vieux chemins de Macquenoise

La voie gallo-romaine Laon-Castrice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
La Serre

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Moitié d'Coq

Cliquez sur le coq pour
lire l'histoire de Moité d'Coq

 

 

 

 

 

 

 

 

Chemin N°6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

II - Inventaire de quelques vieux chemins

 
 
 
A - Ardennes
 
1 - Chemin de Chateau-Porcien à Macquenoise par le Haut-Chemin
 

Des fouilles récentes ont fait valoir l'importance de Chateau-Porcien comme l'une des villes principales du pays des Rèmes à l'époque gauloise et sa liaison avec Macquenoise ne peut surprendre.
    Le chemin quitte la place centrale de Chateau par "la rue de Chaumont" et gravit le plateau de l'ancien oppidum. Bien conservé dans les terres crayeuses du Porcien, il file plein nord vers Chevrières, le Bois des Indiens et Chaumont, n'ayant perdu qu'un petit tronçon avant de traverser la D946 ; il est souvent limite de cantons et de communes, comme au Moulin Raulin et bien après Chevrières. Il passe ensuite au Mont-de-Chatillon, puis à Rocquigny où il traversait à gué le Hurtaut avant de gagner Mainbressy. Une variante de ce chemin va toujours directement de Chaumont à Mainbressy en empruntant le GR122 par les Croisettes, la Hardoye et la Cense-Boudsocq.
    Environ 1 km après Rocquigny, à l'habituelle aire de pique-nique, il prend à droite un chemin de terre pour gagner à l'Est de Mainbressy, "le Chemin de Ribeauville" qui descend vers la Serre. Il contourne ensuite la forêt d'Estremont pour traverser la rivière au gué de la Planche-à-Serre. Après le confluent de ses deux bras, il reprend une ligne de crête avec le nom bien mérité de Haut-Chemin qui domine les deux Thiéraches : à l'ouest, celle de l'Aisne, à l'est celle des Ardennes qui s'étend jusque la Butte de Marlemont, porte du bassin de la Meuse. Il est alors frontière départementale qu'il accompagne jusqu'à Macquenoise. Il traverse l'ancienne voie La Férée - Bay - Brunehamel avant d'arriver à Blanchefosse et à l'abbaye cistercienne de Bonnefontaine. Au long de son parcours, non loin de Rumigny, ont été retrouvés des ateliers de silex taillés ; il a malheureusement disparu en cet endroit où il longeait les étangs des Moines. Non loin de là ont été retrouvés à Rumigny des ateliers de silex taillés.
    On le retrouve franchissant l'Aube à Bas-Lieu et filant vers Bossus et Any-Martin-Rieux. Il n'est plus visible dans la forêt de St-Michel remaniée au siècle dernier : il devait retrouver au Gué de Gratte-Pierre le chemin de Nizy décrit si-dessous (6). Macquenoise n'est plus qu'à quelques kilomètres : on y accédait à travers la forêt par "le chemin du Carat, dont l'accès a été interdit en 1940 pour cause militaire.
    Au sud de Chateau-Porcien, ce chemin se prolongeait jusque Reims par Roizy, Boult-sur-Suippe et Betheny. Il est toujours lisible, de Château-Porcien à Macquenoise, sur les cartes d’État-Major au 1/80000e de 1833.

 
 
2 - Chemin de Cendron-Macquenoise à Donchery
 
  Cendron, petit hameau frontalier, jouxte Macquenoise côté France, ce qui peut expliquer que les cadastres ardennais aient plutôt retenu son nom que celui du village voisin. Ils appartiennent tous deux au même massif rocheux et des carrières d'arkose y ont été exploitées simultanément : c'est pourquoi nous avons identifié comme chemin de Macquenoise celui qu'on appelle dans les Ardennes "le chemin de Cendron à Donchery", cette dernière ville ayant été elle-même aux frontières du royaume, en même temps que port sur la Meuse. Il se nomme d'ailleurs à Antheny, où ont été découvertes des poteries romaines, "Chemin de Macquenoise".
    Le cadastre d'Estrebay nous a livré la clé de ce chemin qui nous mène à Champlin, Antheny, Tarzy, Signy-le-Petit, la Neuville-aux-Joutes, itinéraire maintenant doublé par la D34 ; il rejoint au Moulin-Rieux le précedent chemin de Chateau (1) en suivant jusqu'à Macquenoise la frontière départementale.
 
D'Estrebay à Donchery, le chemin toujours praticable, passe à Flaignes, Cernion, Villaine. Il traverse à cet endroit la D978 (Liart - Charleville) et devient petite route - toujours la D34 - qui se nomme elle aussi "route de Cendron à Donchery". Elle croise, à Neufmaison, l'ancienne route romaine Laon - Castrice, se confond avec elle jusque Clavy - dont le toponyme signifie "clé" - puis contourne la boucle de la Meuse par le sud, en passant à la Neuville, Warnécourt, Évigny et St Marceau dont l'une des rues se nomme encore "la Voie de Donchery". Elle marque à diverses reprises des limites de communes et devait emprunter jusqu'à Donchery les petites routes actuelles de Chalandry, Elaire, Flize, Dom-le-Mesnil comme semblent le confirmer les toponymes ci dessous au fil du chemin.
 


Chemin de Cendon – Macquenoise  à  Donchery et Castrice
 

Voies concernées

Villages

Le Pierge*

Autres toponymes


Cendron – Neufmaison
Macquenoise
 
 
(diverticule)
 
Neufmaison-Castrice
 
 
 
Neufmaison - Donchery

Tarzy
Antheny
Flaignes-les-O
 
Auge
 
St Marcel
 
Sury
 
Fagnon
 
Chalandry-Elaire
 
Evigny
Warnecourt
Dom-le-Mesnil
 
Donchery

Le Pierget
Le Pierge
Le Pierge
Les Pierges
Le Pierge
 
Le Piergeois
Piergeois Jean Baron
Nid de Pierge
 
Le noir Piergeois
 
Le Pierge
Terres du Pierge

 
La Blanche Pierre
 
 
 
 
 
 
 
 
La Voie Blanche
La Chaussée
 
 
La Grosse Borne
La Pierroude
Le Vieux-Pavé
 
Les Hautes-Bornes
La terre de la Borie

 
* "Les formes piere, pige et pierge sont dérivés du latin pietra et le mot pirgus a servi très tôt (XXe siècle) à désigner les voies de première importance et parfois donc les voies antiques".
Note de David Nicolas (Mémoire DEA).
 
3 - Chemin de Montmeillant à Chimay et Macquenoise
 
Le cadastre napoléonien de Montmeillant nomme "chemin départemental de Montmeillant à Chimay", la D10 actuelle, qui traverse St Jean-aux-Bois, Le Fréty, Blanchefosse, où il rejoint le chemin venant de Château (1). Il passait vraisemblablement par Cendron et Macquenoise ; mais une autre branche aurait pu le conduire à Chimay par Fligny, Signy-le-Petit et Rièzes.
    Il est intéressant de noter, sur ce même vieux cadastre, "le chemin rural de Rethel au Chateau de Couvin" qui est le tronçon du Grand Chemin de l'Oise depuis Montmeillant au Gué d'Hossus (Ch.I).
 
4 - Ancienne voie Castrice - Avesnes par Macquenoise
 
Les historiens locaux s'accordent sur une ancienne voie Castrice - Avesnes par Macquenoise sans en retenir pour autant le même itinéraire, mais plusieurs ont pu co-exister ou se succéder :
    - a) pour Dom Lelong, "une chaussée passait à l'extrémité de ce retranchement (Macquenoise) dans les bois de l'Ardenne et était dirigée d'Avesnes vers Mézières".
    - b) Côté Ardenne, L.Péchenard note qu'à l'époque gallo-romaine une voie romaine allait du Camp de Macquenoise à Castrice. Il la situe au nord de Sormonnne par Laval-Morency, le pont de Nauville et Maubert-Fontaine ; de là, elle gagnait sans doute Macquenoise par la petite route de crête entre les deux bras du Gland (D20 actuelle) qui rejoint le carrefour de la Neuville-aux-Joutes par Eteignères, Beaulieu et Signy-le-Petit.
 
- c) J.L.Hegly propose au sud de la Sormonne un itinéraire qui se confond avec la voie Castrice - Laon jusque Aubigny, ville principale du domaine des Pothées au temps de St Remy, et retrouve à cet endroit le chemin de Donchery (2). Cet auteur a bien identifié la voie Castrice - Laon, quittant la ville au Gué des Romains, à Warcq, pour s'engager vers Sury, St Marcel, Clavy et Neufmaison ; l'importance de ce dernier carrefour peut expliquer que dès le Moyen-Age la paroisse y fut érigée sous le patronage de St Jacques.
    - d) Le lien de Macquenoise à Avesnes est également suggéré par l'article de M.Desfossés où son chemin de Vervins croise au Trou Féron, la route d'Avesnes par Pont de Sains et Zorée. La liaison de Trou Féron à Macquenoise devait être proche de la D964 actuelle qui traverse Fourmies, Anor et les Noires Terres. Ce lieu est illustré par une vieille légende de Thiérache : « l’histoire de Moitié de Coq qui allait à la fête à Féron » ; elle souligne la notoriété de ce carrefour des voies anciennes.
    - e) Le tracé de A.Piette donne également un chemin Macquenoise - Avesnes qui rejoint la voie Reims - Bavay à la Flamengrie en passant, après la forêt de St Michel, à la Rue d'Ardenne, Mondrepuis, Clairefontaine et Haudroy.
 
5 - Voies de Macquenoise à Bavai et Cambrai
 
  Cette étape importante de la Flamengrie met le site de Macquenoise en contact, non seulement avec Avesnes, mais aussi avec Bavay par la vieille voie rectiligne qui passe à St Hilaire-s-Helpe, St Remy-Chaussée, les Quatre-Pavés, Pont-à-Sambre, Quêne-à-Leu, tous toponymes routiers.
    Ce point la relie également, selon la carte de A.Piette et par une voie-frontière, au Nouvion, à Catillon et Le Cateau. Des fouilles effectuées en divers points de la Flamengrie ont mis à jour de nombreux témoins gallo-romains. (fossès, cippes funéraires, tessons).
 
B - Aisne
 
6 - Reims à Macquenoise par Nizy-le-Comte
 
Ce vieux chemin a été minutieusement décrit par A.Piette dans "Itinéraires gallo-romains du département de l'Aisne" et nous n'en retiendrons ici que les grandes lignes.
    Il s'identifiait avec la voie Reims - Bavay jusque Nizy-le-Comte ; il porte toujours le nom de "vieux chemin de Reims à la Belgique", et reste parallèle, jusque Macquenoise, à la frontière des départements Aisne - Ardennes. Il passait par Sévigny, Berlise, le Gué de Raillimont, et longeait au sud-est de Parfondval le Mont-de-Leu, puis une tombelle au lieu-dit "la Butte".
    Tout au long de son parcours, et particulièrement à Brunehamel et Aubenton, ont été identifiés des vestiges gallo-romains. Il traversait le Gland au gué de Gratte-Pierre, en même temps que le chemin de Chateau (1) et se confondait avec lui jusque Macquenoise.
 

Tout près du chemin
Reims-Macquenoise (N°6)
l'église fortifiée de Parfondval

 
7 - Chemin de Vervins à Macquenoise
 
Celui-ci figure, comme le précédent, dans les "Itinéraires gallo-romains" de A.Piette et partait au pied de la butte de Vervins. Souvent limite de terroirs, il traversait la Bouteille, le Chaudron, et l'ancienne ville de Terva dont le nom seul nous est parvenu ; elle était située à proximité de la Hérie et l'on y a retrouvé des mosaïques ainsi que des médailles gauloises et du Bas-Empire.
    La voie ancienne passait par l'abbaye de St Michel, fondée au Xè siècle par les Bénédictins, puis par la forêt, jusque Macquenoise. Celle-ci montre partout - selon A.Piette - des traces antiques qui appartiennent à toutes les époques de l'histoire, entre autres des urnes cinéraires en granit brut dont le musée de Laon possède un exemplaire.
    Ce chemin était le tronçon d'une route importante qui, par St Quentin, Vermand, Amiens donnait accès à la Normandie ; elle est décrite par A.Piette, de Vervins à St Quentin et Vermand, dans les Itinéraires.
    Mais la carte laisse apparaître aussi qu'il existait, au sud du carrefour important de Vervins, une prolongation de la route de Macquenoise jusqu'aux villes de Marle et de Laon, pour gagner ensuite la ville de Fismes, cité-frontière romaine comme Macquenoise. Laon lui ouvrait, quant à elle, le chemin de Soissons, Compiègne et Meaux, la dotant ainsi d'un vaste réseau routier.
 
 
8 - Autres vieux chemins
 
Les quelques chemins que nous avons répertoriés nesont pas les seuls à se diriger vers Macquenoise : le réseau viager du département de l'Aisne montre un faisceau de routes orientées vers ce point, comme le dessine la carte de A.Piette.
    - Corbeny, Chery, Dohis, Iviers, Aubenton (c'est à Iviers que furent trouvées des meules de Macquenoise)
    - Chaource, Morgny, Besmont, Martigny (des vestiges gallo-romains ont été découverts en ce village)
    - Laon, Vigneux, Plomion, Bucilly
L'étude des chemins belges pourrait apporter à cette question un nouvel éclairage.

Haut de page


Chemin N°1 Chemin N°2 Chemin N°4 Chemin N°5 Chemin N°7 Chemins de Macquenoise