Le Grand Chemin
des sources
de l’Oise à Compiègne

 

 

 

Le Grand Chemin

II – Caractéristiques du chemin étudié

Le chemin parcouru appelle diverses observations pour l’étude desquelles ont été retenus les critères suivants :

1. Chemin de crête

De Signy à la Valroy, il est resté chemin de crête, épousant la sinuosité des collines plutôt que de descendre en vallée ; les chemins de crêtes avaient en effet de nombreux avantages :
- Ils empruntaient des terrains fermes respectés par l'érosion et perdurent encore actuellement ;
- Ils évitaient le passage de rivières, nombreuses en Thiérache, et souvent en crue à la mauvaise saison ;
- Ils donnaient une bonne visibilité des dangers éventuels ;
- Ils épargnaient enfin aux attelages les montées et les descentes pénibles ;
- ils ont perduré jusqu'au XIXe siècle en tant que routes principales pour le passage des diligences.
Ces voies de crêtes “interfluves” sont caractéristiques des chemins gaulois. Elles ont été retenues également par les moines du Moyen Age pour la fondation de leurs abbayes : en effet, des sources abondent à leur pied ce qui permettait la vie des monastères comme plus tard la création d’étangs, de moulins, de forges et de verreries.

2. Toponymie

Il ne sera retenu ici que les toponymes évoqués au cours du texte et que sont : Chatillon, Trion, Wadimont et la Maladrie. De nombreux lieux du parcours présentent la syllabe germanique Wa (eau) ou Wez (gué, passage) tels : Waleppe, Wadimont, la Wache, les Wacheux (La Romagne), Maranwez

.3. Vestiges archéologiques

En attente de la carte archéologique des Ardennes, divers lieux de fouilles peuvent être mentionnés :
- nécropoles mérovingiennes à Waleppe et à Signy.
- sépulture de même époque au lieu-dit “l’Homme Mort” non loin du chemin, sur la commune de Seraincourt.
- éperon barré du Mont-de-Châtillon où divers objets ont été identifiés.
- sépulture gauloise de Hannogne, au lieu-dit “les Trois-Cerisiers” près du Grand Chemin.
- villas gallo-romaines, aux deux extrémités du parcours : à Nizy-le Comte, croisement avec la voie romaine Reims-Bavai, et à Marlemont.
- cadastration romaine constatée ci-dessus.

4. Métrique du chemin

Ainsi que l’a étudié Cécile Chamaillard (voir au chapitre suivant : Métrique et identification des vieux chemins), le Grand Chemin atteste ses origines anciennes par la métrique relevée en divers endroits de son parcours. Entre Forest et la Valroy, plusieurs points remarquables marquent entre eux la distance d’une lieue gallo-romaine (2222m).
 
Forest
L'arbre des Coquins
Le Canton Les Quatre-Chemins
Les Trois-Cerisiers Le buisson des Coquins
Le Bois-Maçon Après la voie romaine Reims-Bavai
 
Par contre, à l’est de Forest, la métrique romaine semble prévaloir et plusieurs milles romains (1480m) peuvent être comptés entre les points suivants :
 
Carrefour de Forest
La Guinguette
La Folie La Wache
Les Quatre Peupliers Bel Air
Les Croisettes Le Chemin des Aniers
Le Mont-de-Chatillon Mainphy
 
5. Limite de communes

Le Grand Chemin a été plusieurs fois limite de communes, ce qui confirme son ancienneté :
- au Mont-de-Châtillon, jonction de trois terroirs : Rocquigny, La Hardoye, Chaumont-Porcien.
- du Mont-de-Châtillon à la D 8 entre La Hardoye et Chaumont.
- de la Folie à Forest entre Fraillicourt et Seraincourt.
- portion de route entre la D 946 et Hannogne.
- portion de route entre Hannogne et la Bouverie (Saint Quention le Petit).
- de même, sur le chemin de Forest à Reims, au lieu-dit "Le Bois Planté", point de jonction des trois communes de Hannogne, Banogne et St-Fergeux, des restes de constructions (caves et pierres) ont été trouvées par Monsieur Roger Carlier lors d'un labourage : elles auraient pu appartenir à un ancien relais ; de fait, le Bois Planté est lieu de croisement du chemin de Reims et d'un chemin Nord Sud de Bray à Chaudion en limite des communes de Banogne et de St-Fergeux ; il est marqué sur la carte IGN par un petit carré vert qui pourrait être, selon C.Pommeau, l'emplacement d'une ancienne borne milliaire romaine. De cet endroit jusque Banogne, le Grand Chemin est aussi limite de commune et se nomme "Chemin de Forest".

Ces traits conduisent à penser que le Chemin des Moines était déjà utilisé par les Romains et les Gaulois : c’est bien un itinéraire de long parcours, aussi nous a-t-il paru intéressant d’en étudier les prolongements d’est en ouest.
 

Vue du chemin de crête
sur la vallée de la Malacquise

 

Les 3 cerisiers où fut découverte
une sépulture gallo-romaine

 

Monsieur Carlier présente
la lance gauloise

 

Gaulois

   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   
   

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