Nouvelle proposition d'une voie romaine Reims-Cologne
Nouvelle proposition d'une voie romaine Reims-Cologne
En conclusion
La voie romaine que nous avons découverte, presque au hasard, en forêt d'Estremont, serait donc le tronçon d’un itinéraire Reims-Cologne, compatible avec les deux indicateurs routiers romains, de Reims à Givet. Curieusement le milliaire de Tongres ne détache pas la route d’Amiens à Givet, comme il eût semblé logique, mais il la fait passer par Reims et Soissons, et voici les étapes qu’il propose après Durocorter ; il est facile de les retrouver sur nos cartes actuelles : Itinéraire Cologne-Tongres-Reims-Amiens
selon le milliaire de Tongres (suite du tableau précédent) |
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La céramique de Maquemoise confirme bien cet itinéraire et nous ne pouvons que constater la convergence des trois indicateurs, malgré la diversité des éléments qu’ils apportent. Si le milliaire de Tongres note soigneusement les carrefours importants que sont Noviomagus, Aouste et Oignies, la table de Peutinger semble privilégier le passage des frontières. Elle dessine nettement une route directe Reims-Cologne par Noviomagus ; par contre sa voie Reims-Castrice ne se dirige nullement au même endroit, mais elle traverse deux fois la Meuse avant de s’engager plus à l’est, ce qui a conduit Ch. Mialaret et N. Perrin à opter de préférence pour un prolongement de Castrice à Trèves. Il est probable que divers itinéraires Reims-Cologne ont co-existé à l’époque romaine et la question est loin d’être définitivement résolue. Comment expliquer alors la disparition presque totale d’un axe aussi important, alors que d’autres comme Reims-Bavay ou Bavay-Cologne ont perduré ? Sans doute les liaisons Reims-Tongres n’avaient-elles plus de raison d’être après les invasions germaniques et les chemins n’ont-ils plus été entretenus : les tronçons qui subsistent se trouvent en zones de plateaux cultivables alors que la forêt d’Ardenne n’en laisse aucune trace ; même les allées de la forêt d’Estremont s’estompent sous les feuilles mortes et sont difficilement praticables : la route garde ses secrets sous l’humus des siècles et seules des fouilles archéologiques pourraient la remettre en valeur. Geneviève Lefebvre Septembre 2008 |
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![]() La céramique de Macquenoise |
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