Nouvelle proposition d'une voie romaine Reims-Cologne
Nouvelle proposition d'une voie romaine Reims-Cologne
Où pouvait se diriger cette voie ?
Si les critères ci-dessus nous permettent de croire à l’existence d’une voie romaine, nous pouvons nous interroger sur sa destination.
Son axe SO-NE la conduit aux bords de la Meuse et du Rhin, en direction de Liège, Tongres, Cologne, Aix-la-chapelle, et nos recherches ont été grandement facilitées par un article de Marie-Hélène Corbiau publié dans la revue Dossiers-Archéologie d’août 2006 ; sa carte d’accompagnement permet de prolonger le tracé Nizy-Givet en droite ligne jusque Amay sur la Meuse où il croise la voie romaine Metz-Tongres, construite dès le 1er siècle par Agrippa ; elle arrivait à Amay par le chemin des Croupets, traversait la Meuse sur un pont romain qui avait remplacé le précédent gaulois, puis gagnait Tongres par un tronçon absolument rectiligne, qui est toujours la route utilisée. Le tracé Nizy-Givet-Amay apparaît donc comme une voie de raccordement entre les routes Reims-Bavay et Metz-Tongres, établissant ainsi un itinéraire Reims-Tongres des plus directs ; il présente l’avantage de contourner le relief accidenté du massif ardennais tout en bénéficiant des aménagements routiers déjà construits : - carrefour de Noviomagus et de Nizy-le-comte (route Reims-Bavay), - nœud routier de la forêt d’Estremont, - carrefours d’Aouste et d’Oignies-en-Thiérache, - Gué d’Hossus, de Vireux et pont de Givet. Son parcours se retrouve assez facilement dans les étapes suivantes : - le Mesnil-Saint-Blaise, à quelques kilomètres de Givet, auberge attendue après le dure montée de la vallée de la Meuse, où l’on voit encore son arrivée dans le prolongement de la route actuelle, - Furfooz (de Furth = Gué) passage étroit sur la Lesse, protégé par une fortification romaine du Bas-Empire comparable à celle de Vireux-Mohain, sur le Viroin, - Achêne, dont le toponyme évoque, selon M. FL. Ulrix, une étape milliaire, de même pour Emptinne (endroit situé à 7 lieues d’un point donné), - la présence de thermes romains du Haut-Empire entre Furfoz et Amay semble bien attester l’origine de cette voie. Dans un article de la revue Archéologie, Catherine Coquelet relève ceux de Furfooz, Barcennes, Champion, Hamois, Modave, tous situés sur la ligne droite Givet-Amay. C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de tester cette voie Reims-Tongres-Cologne au regard des indicateurs routiers hérités de l’époque romaine et qui, selon A. Grenier concernent tous trois cet itinéraire : • la Table de Peutinger, • la borne milliaire de Tongres, • l’indicateur de Macquenoise (avec toutes les réserves que l’on sait). |
Voie romaine Amay-Givet-Nizy-Orléans |
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Il se trouve que les étapes signalées par la table de Peutinger et le milliaire de Tongres peuvent facilement s’identifier à celles de notre parcours, ainsi qu’il apparaît dans le tableau suivant : Itinéraire Reims-Cologne et indicateurs routiers |
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• Noviomagus, noté sur la table de Peutinger comme sur le milliaire de Tongres n’a pu encore être reconnu : ce pourrait être, à 12 lieues au nord de Reims, près du lieu-dit “Le Tremblot”, le croisement de la D966, voie romaine Reims-Bavay, avec l’ancienne route de Château-Porcien à Laon, dessinée sur la carte de A. Piette. Elle passait à Robertchamp et la Malmaison, riche en témoins archéologiques depuis l’époque protohistorique. On sait, par ailleurs, l’importance de Château-Porcien où passe la route Reims–Castrice, dès les temps gaulois. Aussi peut-on en conclure que le croisement de Noviomagus ait pu être retenu pour la création d’un « nouveau marché ». • Le carrefour d’Aouste n’est cité sur aucun des indicateurs routiers : cependant, la distance de 15 lieues donnée par le milliaire de Tongres correspond exactement à celle qui le sépare de Noviomagus. • Le lieu Mose, qui signifie Meuse, est indiqué à 25 lieues de Noviomagus : le Gué d’Hossus (b) en est bien à cette distance ; il franchit le Viroin, affluent de la Meuse, sur la frontière France-Belgique et donne encore passage à l’autoroute. • Meduanto en est éloigné de 9 lieues par la table de Peutinger : là se trouve le camp fortifié romain de Vireux-Mohlain qui protégeait le gué sur le Viroin ainsi que d’autres voies romaines, comme celle de Vermand-Cologne, mais sans-doute aussi la frontière commune des Nerviens, des Rèmes et des Trévires que Berthollet situe sur la Meuse. Le toponyme de Meduanto pourrait ainsi correspondre à cette limite de peuples et couvrir ensuite un large espace puisque l’itinéraire donné ne reprend que 20 lieues avant Cologne (c). • Les étapes Andesina (d) et Nerica ne correspondraient-elles pas au passage des deux rivières que sont la Rhur et l’Erft et qui ont pu elles-mêmes être frontières ? L’Erft l’est encore, au nord d’Aix-la-Chapelle, à une cinquantaine de kilomètres de Cologne. L’une de ces villes s’identifierait à Jülich pour un itinéraire passant par Tongres, ou à Düren pour une voie plus directe, plus au sud. |